Contexte
- Écrites entre 1668 et 1694, en 12 livres.
- Inspirées d’Ésope, Phèdre et des fabulistes orientaux, mais adaptées avec un style propre.
- Dédiées d’abord au Dauphin (fils de Louis XIV), donc fonction éducative et morale.
- Mêlent conte plaisant, critique sociale et leçon morale.
Structure
- 243 fables réparties en 12 livres.
- Chaque fable = récit bref (souvent avec des animaux) + moralité explicite ou implicite.
- Style varié : vers simples, ton vif, mélange du sérieux et du comique.
Grands Thèmes
- La condition humaine : travers, faiblesses, illusions.
- Les rapports de pouvoir : le fort domine le faible (critique du règne de Louis XIV).
- La ruse, l’intelligence : souvent supérieures à la force.
- La morale sociale : prudence, modération, sagesse.
- La nature et les animaux : miroirs de comportements humains.
Fables clés à connaître
1. La Cigale et la Fourmi (Livre I, fable 1)
Résumé : La Cigale, insouciante, a chanté tout l’été. L’hiver venu, affamée, elle demande de l’aide à la Fourmi, qui refuse en lui reprochant son imprévoyance.
Morale : importance du travail, de la prévoyance ; critique de l’insouciance.
Intérêt : fable d’ouverture → donne le ton du recueil, équilibre entre plaisir (histoire amusante) et leçon de vie.
2. Le Corbeau et le Renard (Livre I, fable 2)
Résumé : Le Corbeau, fier de son fromage, se laisse flatter par le Renard et finit par le perdre.
Morale : danger de la vanité et du manque d’esprit critique.
Intérêt : célèbre formule « Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute » → critique sociale, applicable aussi aux puissants.
3. Le Loup et l’Agneau (Livre I, fable 10)
Résumé : Un Loup accuse un Agneau d’un crime imaginaire pour justifier sa violence et finit par le dévorer.
Morale : « La raison du plus fort est toujours la meilleure » → dénonciation de l’injustice et du droit du plus puissant.
Intérêt : satire du pouvoir arbitraire, applicable aux abus politiques (Louis XIV, justice royale).
4. Le Chêne et le Roseau (Livre I, fable 22)
Résumé : Le Chêne, fier de sa force, méprise le Roseau fragile. Lors d’une tempête, le Chêne est déraciné, tandis que le Roseau survit grâce à sa souplesse.
Morale : l’humilité, la souplesse et l’adaptation valent mieux que l’orgueil et la rigidité.
Intérêt : réflexion universelle sur la faiblesse apparente qui peut devenir force.
5. Le Lion et le Rat (Livre II, fable 11)
Résumé : Un Lion épargne un Rat. Plus tard, le Rat ronge le filet où le Lion est prisonnier et lui sauve la vie.
Morale : il ne faut pas mépriser les faibles ; l’entraide est précieuse.
Intérêt : valeur universelle de solidarité, souvent citée comme exemple positif.
6. Les Animaux malades de la peste (Livre VII, fable 1)
Résumé : Une peste ravage le royaume animal. Le Lion propose que chacun avoue ses fautes. Les puissants (Lion, Loup) s’en sortent, mais l’Âne, coupable d’avoir mangé un peu d’herbe, est sacrifié.
Morale : injustice sociale → « Selon que vous serez puissant ou misérable, / Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »
Intérêt : critique du système judiciaire et des inégalités.
7. Le Lièvre et la Tortue (Livre VI, fable 10)
Résumé : Le Lièvre sûr de sa vitesse se repose pendant la course. La Tortue, patiente et constante, gagne.
Morale : « Rien ne sert de courir ; il faut partir à point » → éloge de la persévérance, critique de la vanité.
Intérêt : fable universelle, encore utilisée dans le langage courant.
8. Le Pouvoir des Fables (Livre VIII, fable 4)
Résumé : La Fontaine raconte qu’un orateur, face à un auditoire indifférent, capte enfin leur attention en racontant une fable.
Morale : le conte et la fable instruisent mieux que les discours abstraits.
Intérêt : manifeste poétique → justifie le rôle de La Fontaine : instruire en amusant (« plaire et instruire »).
Personnages-types
- Le Renard : rusé, flatteur.
- Le Loup : violence, cruauté, tyrannie.
- Le Lion : figure du roi/pouvoir.
- La Fourmi : travail, prévoyance.
- La Cigale : insouciance, légèreté.
- Le Corbeau : vanité, crédulité.
Citations utiles
- « Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute. » (Le Corbeau et le Renard).
- « La raison du plus fort est toujours la meilleure. » (Le Loup et l’Agneau).
- « Rien ne sert de courir ; il faut partir à point. » (Le Lièvre et la Tortue).
- « Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. » (Les Animaux malades de la peste).
Enjeux pour le bac
- Critique sociale et politique : derrière les animaux, La Fontaine dénonce les abus de son temps (justice, pouvoir, vanité).
- Fonction didactique : instruire en amusant, comme il le dit dans Le Pouvoir des Fables.
- Universalité : les comportements humains décrits (orgueil, ruse, égoïsme) traversent les siècles.
- Style : richesse de la langue, humour, ironie, musicalité des vers.
En résumé : Les Fables de La Fontaine ne sont pas seulement des contes moraux pour enfants, mais une satire subtile de la société et une réflexion universelle sur la nature humaine.